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Les orthos au Burkina !
16 juillet 2013

Début des cours

Lundi matin, le réveil des guerriers : c’est bien beau de parler longuement avant de dormir, mais il faut en assumer les conséquences au petit matin ! Marion et Hélène se préparent tant bien que mal pour le départ au CEFISE, tandis que Gwen tente en vain de grappiller quelques minutes de sommeil : nous alternerons en effet durant deux semaines le CEFISE (deux d’entre nous) et la préparation du repas (la troisième) le matin. L’après-midi, nous serons toutes les trois à Zongo, chacune étant responsable d’un groupe de femmes ou d’enfants : alphabétisation, calcul, conjugaison, vocabulaire…Un programme que nous devons établir et mener à bien selon les connaissances actuelles des enfants : le niveau est en effet très hétérogène, ce qui n’est pas facile à gérer.  De même, nous n’avons aucun objectif précis, ce qui suscite une petite anxiété de notre part. Aujourd’hui (lundi), les femmes ne serons pas encore présentes : il faut d’abord que nous allions demander l’autorisation des maris, et les rassurer sur le fait que leurs femmes peuvent venir avec nous sans problème.

C’est donc Gwen qui se charge du marché, et en revient ravie par la joie des commerçantes de nous voir parler le mooré : ces gens sont très émus que nous tentions au mieux de nous intégrer, et nos efforts sont payants. C’est également elle qui préparera le repas de midi et fera le ménage de la chambre, deux activités qui prennent un temps « infini » au regard de ce dont nous avons l’habitude : un simple repas peut demander deux ou trois heures de préparation (préparer les légumes, le feu, laisser cuire un bon moment…), et ici, point d’aspirateur à portée de main ! Après dégustation du repas de midi, Gwen et Hélène prennent chacune en charge un groupe d’enfants, tandis que Marion fait la navette entre les deux pour pallier les hypothétiques difficultés. C’est elle qui s’occupera du groupe des femmes pour le reste de la semaine. Passés les premiers tâtonnements, tout se passe bien dans l’ensemble. Il faut juste veiller (et ce n’est pas simple pour nous !) à ne pas utiliser la main gauche : cette dernière est en effet considérée comme « mauvaise », il ne faut donc pas pointer, tendre un objet ni en prendre un en utilisant cette main, et encore moins saluer. Ce n’est pas si simple ! Vers 16h30, nous partons donc dans Zongo commencer « le tour des femmes » (une trentaine pour l’instant, chaque nom devait être noté scrupuleusement, ce qui a parfois créé quelques embarras), tour qui se continuera le lendemain vers la même heure.  Nous avons eu l’occasion de voir deux hommes, le reste des maris étant au travail : cette demande d’autorisation semble plus une tradition symbolique qu’autre chose. Une petite escapade à la fontaine (nous tentons bel et bien de ramener un seau sur notre tête chaque jour), et voici que nos estomacs cèdent à une gourmandise (ou à une curiosité) et s’offrent des galettes de maïs, très surprenantes. Plus tard, Antoine nous fera cadeau de brochettes de soja, met adopté à l’unanimité : une délicieuse source de protéines !! (L’aspect de la viande sur les étals suffit en effet à adopter un régime végétarien provisoire [ou permanent]). Dans la soirée, Austin propose à Marion de lui étaler de l’aloe vera (poussant dans la petite cour) pendant quelques jours sur ses boutons d’acné, en vantant ses vertus miraculeuses : c’est parti pour une expérience aux accents phytothérapeutiques, qu’Hélène tentera à son tour le lendemain !

Les enfants ont maintenant bien mémorisé nos noms : tantie Gwen, tantie Hélène et tantie Poko. Nous avons même eu droit à la chanson traditionnelle de bienvenue ! Certains petits bouts continuent toutefois de pleurer à notre approche et/ou contact : les nassara sont intimidantes !  Nous nous sentons certes intégrées, mais nous restons tout de même des « stars » : nous appartenons à la communauté, surtout aux enfants, qui nous suivent à chacun de nos déplacements. Il faut parfois prendre sur nous pour s’offrir ainsi à la vie sociale à toute heure : la notion de vie privée n’existe pas réellement ici, il nous faut parfois faire sortir les enfants hors du Hangar quand nous avons besoin de calme, ce qui est parfois pénible car cette marmaille est vraiment adorable. Nous gardons donc et garderons un statut de blanche, des blanches dont on attend quelque chose. Aujourd’hui, nous sommes vraiment dans le projet, grâce au début des cours : nous pouvons enfin donner et non plus nous contenter de recevoir !

Nous avons également noté que les burkinabè sont des gens très dignes, au charisme certain : une posture droite, un regard profond, jamais d’éructions/flatulences ou quoi que ce soit du genre. Dire que les gens de couleur sont parfois considérés comme des  « sauvages », les détenteurs de cette idée devraient venir faire un tour par ici. Les valeurs de dignité et fierté sont apprises à l’école, nous en voulons pour preuve les mots inscrits sur le tableau au jour de notre arrivée : « valeurs de l’humanité : intégrité, dignité, progrès, fierté, réussite. ». Hélène nous a interpellés ce soir pour nous citer un passage de son livre du moment, qui reflète parfaitement nos ressentis : « L’Afrique Noire, souriante malgré sa pauvreté. Une Afrique qui ne compte sur personne, intemporelle et éternelle. Qui ne se préoccupe pas de nation ou de société, qui ne perd pas son temps en bavardages et débats d’idées, une Afrique qui s’occupe à survivre. Tout le jour, ce ne sont que sourires et saluts, attroupements et mains tendues, pas des mains mendiantes, des mains donnantes, des mains aimantes. »  Africa Trek 1, Du Cap au Kilimandjaro, de Sonia et Alexandre Poussin, page 282, lignes 11 à 19, éditions Robert Lafon, éditeur Pocket, 2004, imprimé en France par CPI.   De rien.

Si tout se passe bien, nous aurons l’occasion de découvrir samedi prochain (20) le marché artisanal, promesse de mille et mille achats (pour les parents de Gwen : pas d’inquiétude, ce sera peut-être un peu moins. Les autres : préparez-vous à manger des cailloux pendant un mois !). Le dimanche (21), une visite de parc à caïmans est au programme, où il convient apparemment d’acheter des poules vivantes pour inciter les reptiles à sortir. Ce délice impromptu nous permettra d’observer au mieux  ces tas d’écailles (et de dents pointues !). Nous avons également en vue, pour le week-end suivant (27/28), le ranch de Nazinga, pour y admirer les éléphants (et rendre Gwen heureuse !) : une réserve naturelle qui semble incontournable lors d’un voyage au Burkina Faso, et qui se trouve à environ 150 km de notre « domicile ». Cette sortie aurait donc lieu juste avant notre départ pour Tambougou, le petit village situé près de Fada’N’Gourma, où nous passerons (si tout va bien) la semaine.

Bref, un programme qui promet d’être inoubliable !

 

Chroniques de la sagesse burkinabè :

« L’amour, ça se sème, ça s’arrose, ça se cultive, ça grandit. Et après, il y a de l’ombre, des fleurs et des fruits. Tu vois le bonheur ? »

«  La vie, c’est comme un grand théâtre : tout le monde met un masque, joue un rôle et s’en va. Le tout, c’est de ne pas prendre la mauvaise porte ; celle du regret. »

 

Et la rubrique des grosses nouilles, intarissable :

« -Mais genre vous-êtes pas impressionnées de rencontrer le chef de brousse ?

-…

-…

-Oui enfin, le chef du village quoi… »

 

« l’Afrique, c’est l’île de la Tentation ! »  [En référence à notre look discutable]

 

« Les filles, je crois que je vais essayer de mettre mes lentilles aujourd’hui : c’est la grande aventure !!! »

 

Catégorie : « je fais style que je parle le mooré couramment » :

[contexte : salutations à la voisine, ndlr]

«- Nissa blaga !  (= noir)

-Heu…Pourquoi tu la traites de Noire ?

- Mince !! Je voulais dire ney zaabré ! (=bonjour) »

 

Catégorie : « je suis orthophoniste mais je ne sais pas parler la France (et je suis fatiguée) » :

«  « - Européenne », y’a un « n » ou deux ?

-Ben un : « Europe » tu l’écris avec un seul « p », non ? 

-…quel  rapport ?

-…Hum. »

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Commentaires
A
Salut les filles, alors ça y est, vous entrez encore plus dans le vif du sujet avec l'organisation de vos différentes interventions.... Votre programme "découvertes à venir" m'a l'air bien sympa aussi . J'ose réclamer une photo d'éléphant puisque, moi aussi, j'apprécie particulièrement cette petite bête!!<br /> <br /> Vivement des nouvelles de vous et bises en attendant.<br /> <br /> annie
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