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Les orthos au Burkina !
18 juillet 2013

Et la vie continue...

Le mardi matin, c’est encore Gwen qui reste à Zongo, et pour cause : elle a choisi de se faire natter les cheveux à l’africaine, avec rajout de mèches violettes. Un travail acharné qui durera à peu près 6h («3h le matin, 1h30/2h après manger, puis le reste le soir pour tout peaufiner), clôturé par une ébouillantation du  cuir chevelu (qu’on se rassure, le cobaye n’a pas souffert) (ou si peu). Chacune devient une vraie burkinabè à sa façon ! Pendant ce temps, comme la veille, Marion et Hélène vont profiter des connaissances orthophoniques de Justin Dabire (et, avouons-le, des toilettes du CEFISE). Beaucoup de pathologies différentes sont prises en charge, et nous apprenons que le Burkina Faso compte en tout et pour tout…trois orthophonistes ! Tous situés à Ouagadougou (que la Creuse arrête de se plaindre hein !). Certes, la demande n’est pas la même qu’en France, mais cela reste quand même bien peu.

Après le repas (du riz gras, un délice !), les cours  se mettent doucement en place : Hélène reprend comme la veille le groupe des enfants de plus haut niveau, tandis que Gwen et Marion choisissent de mélanger les femmes et les enfants débutants sous le Hangar. Il s’avère en fait que le niveau des femmes est inférieur à celui des petits : certaines d’entre elles ne connaissent pas l’alphabet, d’autres n’arrivent même pas à reproduire une lettre sous modèle. Le programme devra donc être réadapté ! Les femmes et les enfants seront ainsi divisés en deux groupes, les premières venant en début d’après-midi et les seconds vers 15h.

Après les cours (et un petit goûter à base de délicieux mini gâteaux frits dans l’huile), nous assistons à une démonstration de djembés, un rythme endiablé qui nous fait partir très loin ! La demande d’Augustin nous ramène sur terre : apprendre à danser ? Nous ? Allons-y alors ! Antoine s’improvise professeur de danse, tandis que les malicieux musiciens accélèrent le rythme au fur et à mesure. Augustin est aux anges et ne peut résister au plaisir de nous filmer (ces vidéos resteront privées). Plus tard, nous nous reposons en écoutant religieusement les histoires et légendes africaines que nous conte Antoine : ici, on vit la narration, on ne se contente pas de résumer en quelques mots. On y apprend toujours quelque chose, une sage parole, on tire un enseignement de chaque récit.

Encore un peu de danse (une magnifique représentation d’Hélène et Augustin, infatigables) , de bavardages, de retour sur les cours de la journée et nous nous rendons compte qu’en fait, nous sommes épuisées. Un peu de riz musical (en fait, la musique est omniprésente ici), et nous voilà au lit. Pour une fois, nous sombrons vite dans les bras de Morphée.

Le lendemain matin (mercredi), il n’y a pas de CEFISE, pour cause de réunion. Gwen et Marion se lèvent quand même à l’heure habituelle (6h45) pour aller faire un footing avec Augustin et Pascal (le vigile du centre). Elles sont évidemment rejointes par quelques enfants matinaux, et accomplissent glorieusement cinq tours d’une grande place, non loin du centre. Le soleil tape, l’air se réchauffe, mais l’épreuve est réussie ! Elles seront récompensées par des beignets salés et sucrés, réalisés à base d’une pâte toute simple frite dans l’huile (oui, encore). De retour, juste le temps de prendre une douche, et Marion repart avec Augustin pour le marché (à moto), tandis qu’Hélène dort encore (épuisée par des danses de la veille ?). A son retour, la marmotte est réveillée et entame avec Gwen un quart d’heure « d’esthétisme occidental » (comprendre : pince à épiler, crèmes, etc), pendant que Marion s’attaque aux légumes fraichement acquis.  Plus tard, Gwen choisit de découvrir quelque chose d’inédit pour elle : la lessive à la main (il faut un début à tout !). La voici donc concentrée, et, dans son élan, propose même à ses comparses de laver leur linge également (précisons qu’elle tire la langue pendant qu’elle frotte : sa grand-mère comprendra). Marion s’attelle pendant ce temps à un tout autre type de lessive : il faut en effet rincer le riz (deux fois), et ne pas en perdre un grain en l’égouttant (eh oui : pas de passoire par ici !). Puis, pendant que le repas cuit, chacune des filles prépare ses cours respectifs, tout en triant le matériel destiné au CEFISE. L’après-midi, chacune s’attelle donc à la transmission de savoir : les femmes sont plus nombreuses qu’hier, les enfants sont innombrables ! En début de soirée (comprendre : 16h30), nous partons faire une autre « visite de courtoisie », qui consiste donc à saluer les femmes, à leur expliquer notre action, le tout en notant le nom des éventuelles intéressées par nos cours. Comme d’habitude, un essaim d’enfants nous assaillit, un brouhaha qui résonne depuis le matin et dont il faut nous accommoder, bon gré mal gré. La pluie (saaga !) nous surprend durant cette activité, nous ne sommes heureusement pas loin du centre et pouvons vite rentrer nous abriter.

Finalement, nous avons pris un certain rythme ici, une certaine routine. Oh, nous avons encore beaucoup de choses à apprendre (tant au niveau du vocabulaire qu’au niveau des habitudes, des mœurs etc), mais nous sommes à l’aise, et rassurées d’avoir réussi à nous mettre d’accord avec nos hôtes sur un programme  et un budget qui conviennent à tout le monde. Gwenaelle a ici démontré un grand talent de médiateur, gardant son calme et une écoute polie, faisant comprendre aux trois A nos difficultés financières en tant qu’étudiantes ainsi que la nécessité pour nous de savoir exactement ce que nous devons prévoir comme budget chaque jour, ou pour chaque grosse occasion annoncée (repas en communauté, sorties à moto, etc). Elle affirme ainsi son rôle de trésorière, tenu à merveille.

Nos amis burkinabè émettent en riant l’idée que nous restions ici avec eux, sans rentrer en France, car nous devenons de vraies mossis (nom de la principale ethnie du Burkina, dont la langue est le mooré). Et pourtant, même si la journée, nous nous sentons comme chez nous, une certaine nostalgie pointe parfois son nez le soir, un manque qu’aucun plat africain, sourire d’enfant, clin d’œil amical ne saurait combler.

Après une semaine passée ici, nous remarquons également une certaine paranoïa quant à l’apparition de bobos ou douleurs de toute sorte (« j’ai mal à la tête, je crois que je fais une insolation » « ça me gratte derrière le genou, c’est peut-être le palu ? » « Je me suis coupée, c’est sûr que ça va s’infecter et qu’on va devoir m’amputer ! » « J’ai envie de faire pipi, ça fait deux fois en cinq minute : ça y est, je sens la cystite !! »). Pour ceux qui se poseraient la question, nous avons vite abandonné l’idée des bouteilles d’eau minérale : nous buvons en effet près de deux litres par jour chacune (et n’allons aux toilettes que trois fois maximum, tant notre corps à besoin d’eau). Nous nous servons donc de comprimés purifiants, après avoir prudemment expérimenté les deux marques différentes que nous possédons (« ok les filles, on va faire une expérience en double aveugle : je mets deux bouteilles contenant de l’Aquatabs ici, deux contenant du Micropur ici. Je les mélange, et on boit tout dans la journée. Si y’en a une qui est malade demain, on saura qu’il ne faut pas boire de l’eau avec des Aquatabs ! [Qui ne détruit pas les amibes, ndlr] »). Quelques jours après, nous sommes toujours vivantes. Le resterons-nous ? Qui vivra verra ! (haha)

 

Chroniques de la sagesse africaine :

« Un peuple sans culture est un peuple sans âme. La culture est au peuple ce que le bâton est à l’aveugle. »

« Quand tu trouves quelque chose bien, cherche aussi le mal. Le bien et le mal sont deux jumeaux qui cheminent ensemble. Rien n’est tout blanc ou tout noir. »

 

Chroniques de la candeur africaine :

[En montrant le brumisateur] : « Mais, comment tu as fait pour insérer l’eau là-dedans ? »

 

Et, pour vous servir, notre rubrique spéciale grosses nouilles :

« -A plus tard les filles, je vais au septième ciel !

(Les deux autres, en chœur) : - Bonne douche ! »

 

[Pendant que les femmes nous expliquent la fabrication du tô, plat local] :

« eh, psiiit, tu crois que si le tô il est un peu taré, ça fait du tô fou ? (=tofu) » (dédicace au papa de Gwen, qui aurait été capable d’un tel jeu de mots)

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Commentaires
C
bonjour à toutes les trois...<br /> <br /> je ne vous connais pas mais j'ai déjà beaucoup entendu parlé de vous par le biais de Zoodo dont je suis membre.<br /> <br /> sincères félicitations pour votre blog qui nous fait appréhender votre aventure avec beaucoup de sensibilité et de réalité...<br /> <br /> tout ce que vous décrivez est tellement vrai et fidèle...<br /> <br /> Nous avons l'impression de voyager un peu avec vous, en attendant notre tour...<br /> <br /> Alors vous pouvez écrire, écrire, écrire sans modération...<br /> <br /> Bon continuation - corinne/Montpellier
D
Je suis un ami des parents d'Hélène.<br /> <br /> Je suis votre blog depuis le début.<br /> <br /> Absolument passionnant : sincérité, ouverture d'esprit, générosité, humour etc...<br /> <br /> Tout y est !<br /> <br /> Et de plus c'est très très bien écrit...<br /> <br /> Je ne connais qu'Hélène mais je vous embrasse toutes les trois.<br /> <br /> PS : une p'tite photo de Gwen avec ses tresses serait la bienvenue...
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