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Les orthos au Burkina !
24 juillet 2013

Quand la musique est bonne

Mardi matin, le réveil est un peu rude : où sont les grasses matinées ? Comme à notre habitude, nous nous « douchons » chacune notre tour, petit-déjeunons (la margarine reste inchangée : le record continue !), et nous séparons ; CEFISE pour Marion et Hélène, marché et démarrage des cours pour Gwen. Maintenant que les enseignants sont ici, nous ne serons plus amenées à cuisiner, afin d’optimiser les temps de cours au maximum. Pour cette même raison, les femmes et les enfants peuvent maintenant être considérés comme en « vacances » (ce mot existe-t-il seulement ici ?). Le marché devient lui aussi une activité que nous ne pratiquerons plus cette semaine, à l’exception de l’achat d’énormes sacs de riz de 50 kilos afin de nourrir tout ce beau monde : le Centre commence à héberger un nombre conséquent de personnes ! Il faut dire que nous n’avons jamais dormi seules, même si nous possédons nos appartements « privés » (le quartier des invités) : le Hangar, situé juste à côté de ces derniers, abrite toujours au moins un de nos trois A, plus Pascal, le vigile du centre. Les hommes se partagent donc un matelas où dorment sur des bancs, pendant que nous occupons pour notre part deux autres matelas collés ensemble. Nous ne jouirons apparemment pas de ce luxe à Fada’N’Gourma, où nous nous préparons mentalement à dormir sur des nattes, ce qui entraîne des avis mitigés (« ça va nous tuer le dos ! » « oui, mais les matelas ça fait transpirer ! »).  Bref, tout ça pour dire que Marion prévient sa famille qu’elle ne pourra plus ingurgiter un seul grain de riz à son retour, et ce pour quelques temps !

Si les repères sont plus ou moins trouvés à Zongo, nous nous devons de préciser qu’au CEFISE aussi nous prenons nos marques, et participons parfois aux séances de rééducation (voir photos). Justin Dabire mène ses prises en charge d’une manière différente de celle que nous avons apprise, même si nos connaissances sur les différentes pathologies semblent se recouper. Nous comprenons que le développement des enfants burkinabè ne peut être comparé à celui des rejetons français, de même que les étiologies : ici, fièvre typhoïde et paludisme sont les premières sources de complications post-natales. La fabrication de matériel se veut donc adaptée : Gwen, qui a ouvert le bal avec sa création plastifiée, a placé la barre très haut en recevant les félicitations de notre orthophoniste. Hélène, qui tient à mettre en forme son idée, fera-t-elle mieux ?

Le personnel du CEFISE se montre d’un accueil et d’une disponibilité à toute épreuve (surtout quand il s’agit de nous dénicher une prise, élément introuvable « chez nous », pour brancher et/ou recharger tous nos appareils électriques : portables, ordinateur, brosse à dents électrique (oui, oui…), voire épilateurs (certaines d’entre nous étaient pour le moins optimistes)). La directrice, Madame Kafando, se montre toujours prête à échanger des nouvelles avec nous malgré son emploi du temps chargé ! Emile (surnommé Zola : grand amateur d’auteurs français), apprécie beaucoup notre présence dans son bureau, au point d’en oublier que nous sommes ici pour un projet orthophonique avant tout ! C’est ainsi qu’Hélène et Marion se sont vu offrir du thé accompagné de sandwich au saucisson vers 10h30 du matin. Quel ne fut pas le bonheur de « la H » (surnom donné par Augustin) ! D’autant plus qu’une double part de charcuterie lui fut attribuée, sa camarade végétarienne se contentant d’un sandwich au beurre. Un bel écho aux festivités gastronomiques de la veille !

A leur retour à Zongo, les deux comparses retrouvent une Gwenaëlle fort appliquée à dispenser des cours aux enseignants l’écoutant avec attention. Plus tard, après dégustation d’une assiette de riz sauce légumes (bien pimentée !!), une petite sieste (ou plus grande, pour certaines), les cours reprennent. Antoine Onadja revient plus tard muni d’une chaine stéréo, d’enceintes et d’un groupe électrogène : une fête se profile ! La fin d’après-midi et le début de soirée consistent donc en des essais musicaux en tout genre (dans une playlist faisant se côtoyer Sexion d’Assaut et Pocahontas : mythique), des danses et des chants (Tiken Jah, le retour), tout ça dès la fin des cours, évidemment. Jusqu’à ce que Marion et Hélène craquent et décident de profiter de la présence du générateur pour…s’épiler (oui, vous connaissez maintenant l’identité des optimistes !), devant un troupeau d’enfants ébahis (certains adultes aussi, d’ailleurs). Elles furent donc l’attraction durant de longues minutes : quel moment de gloire ! Une fois cette passionnante activité terminée, retour à la danse ! Sur des grands crus internationaux, tels la Macarena, Magic System  ou Inna (eh oui…). Un bon moyen de se défouler,  de bouger un peu, bref : de faire passer les nassara pour des personnes complètement déchaînées. Hélène aura plus tard dans la soirée l’occasion de discuter de toutes sortes de sujets avec Antoine O, empreints, encore une fois, de beaucoup de philosophie. Par exemple, le suicide au Burkina Faso est rarissime. Pourquoi une telle différence avec la France ? Question de culture, de façon de concevoir la vie. En France, les gens sont seuls, ne sont pas toujours aimés. Dans ce même pays, on accorde beaucoup d’importance à ce qui n’en a pas vraiment. Ici au Burkina, la seule valeur, c’est l’Homme. Tout le monde est entouré, chacun reçoit de l’amour. On fait confiance à Dieu, on prend la vie comme elle vient ; en France on voudrait tout maîtriser, et ce qui nous échappe peut nous faire perdre pied.

De retour dans la chambre, quelle chaleur : l’air frais de l’extérieur nous manque déjà, et nous ne sommes même pas encore sous nos étouffantes moustiquaires. Quelques gâteaux pour se donner du courage (il reste maintenant un tiers de la boîte de chocolat, ahem), et Gwen entame en premier le rituel du « je cale ma moustiquaire avec tout ce qui me tombe sous la main ». Elle fait ainsi une découverte marquante : en s’allongeant dans l’autre sens : « Je suis carrément mieux !! J’ai plein de place, la moustiquaire ne m’arrive pas dans le visage, mon espace vital est complètement préservé … les moustiques n’ont pas du tout accès à mes pieds !! » (Ici, veuillez imaginer un ton aussi candide qu’enthousiaste.). La nuit s’annonce bonne, les suceurs de sang n’ont qu’à bien se tenir ! (ou aller se servir dans leur deux restaurants préférés : Hélène et Marion.)

 

PS : Pour les distraits, deux articles ont été postés aujourd’hui : ne ratez pas notre résumé culturel ci-dessous !

 

 

Les Chroniques africaines :

Catégorie « franchise » :

« -C’est quoi, ça, des boutons de moustique ou de mouche ?

-Bah…C’est des grains de beauté ! 

- De beauté ? C’est plutôt vilain ! »

 

Catégorie « expressions » (certaines nous ont bien fait rire !) :

« J’ai avalé » = J’ai oublié

« Il faut fermer toutes les cartes » = Il faut retourner toutes les cartes.

« Je me boule » = Je m’énerve (je me mets en boule ?)

« La pâte » = Le dentifrice

 

Catégorie « je prononce bizarrement »  (Et je provoque le fou rire des nassara) :

« Je suis fan ! » (Prononcé comme le « phant » d’ «éléphant »)

 

« - Oui, j’aime bien les tonges ! 

- On dit des tongs, en fait »

 

Catégorie « croyances » :

« Les chats, on ne les aime pas ici : on les chasse, car ils transmettent l’épilepsie ! »

 

Et du côté des nassara grosses nouilles :

«  -(…) Il s’appelle Blaise !

- Ah, comme Blaise le poussin masqué !

- Heu…oui, enfin moi ça me fait plutôt penser à Blaise Compaoré. Chacun ses références hein ! »

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