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Les orthos au Burkina !
26 juillet 2013

Ce n'est qu'un au revoir !

Le jeudi fut une journée assez routinière, dans le sens où vous connaissez maintenant le déroulement type des jours de notre semaine : sonnerie du réveil,  « cris » de Gwen pour réveiller Hélène (Marion sort de la douche quelques instants plus tard), petit-déjeuner composé de pain pour Marion et Gwen et de beignets pour Hélène, départ pour le CEFISE. Pendant que Marion assiste aux séances de rééducation, Hélène continue sur sa lancée créatrice (appelant sa complice à la rescousse pour une séance découpage), et suscite l’enthousiasme de Justin avec ses trois jeux : mission orthophonique accomplie, avec les félicitations du jury ! Hélène peut être fière d’elle.

*Pendant ce temps, à Zongo…*

Le prédateur rôde…caché dans l’ombre, il observe sa proie, pauvre créature innocente loin de se douter du sort funeste qui l’attend. Le prédateur sait la chétive bestiole à sa merci, ses yeux brillent de convoitise, il ressent là le calme avant la tempête, le silence avant l’explosion, le temps suspendu avant le coup de feu annonçant le début de la course. Et cette dernière commence enfin : les deux adversaires font montre dès le début de la poursuite d’une grande rapidité. Les respirations s’accélèrent, les cris de détresse du pourchassé retentissent. De virage en virage, la poussière se soulève, ajoutant à la scène un caractère mystérieux. Le suspense est à son comble, et pourtant des éclats de rire s’élèvent soudain du public hilare : Gwen, piteuse, n’a su rattraper le pauvre petit poussin. Elle sera finalement aidée par une des femmes présentes dans le Hangar qui la prendra en pitié, et tiendra bientôt entre ses mains la petite boule de plume tant désirée. Mais le gallinacé  duveteux ne compte pas se laisser faire si facilement, et c’est après deux évasions que Gwen peut enfin débuter une mission qui lui tient particulièrement à cœur : retrouver la maman poule. Cette décision fera naître les moqueries d’Augustin : « et tu comptes aller jusqu’à l’autre bout du village pour retrouver sa mère ? ». La solution ne se trouvera pourtant pas si loin, et, après moult aventures, c’est chez la voisine que l’amour maternel pourra renaître (enfin, si Gwen ne s’est pas trompée de poulailler).

En milieu d’après-midi, après le sempiternel riz aux légumes sauce tomate, les cours reprennent pour les professeurs tandis que Marion et Hélène se reposent dans la chambre : Marion est en effet suspectée d’avoir abusé des gâteaux qui ont pourtant fait son bonheur (ou serait-ce la chenille qui pèse aussi lourd dans l’estomac ?), et souffre d’une mini-indigestion. Rien de grave, mais une bonne leçon pour la gourmande ! (L’achèvement de la boîte de chocolat n’est du coup pas de son fait)

Hélène relatera par la suite à ses coéquipières une de ses énièmes conversations avec Antoine O (nous ne nous en lasserons jamais !), dont voici le résumé : au Burkina, dès que les garçons atteignent l’âge de 15 ans et/ou que les filles ont leurs règles, les parents construisent une petite case indépendante de la propriété familiale afin que les jeunes puissent se courtiser. En effet, l’on ne doit pas flirter,  se tenir la main ou s’embrasser en public. L’éducation sexuelle des jeunes filles est gérée par la grand-mère, dès l’apparition des premières règles. Notons qu’un homme peut courtiser une femme qui a le cœur pris, et ce pour plusieurs raisons : en premier lieu, une femme est faite pour être courtisée. Par ailleurs, il règne ici un souci d’honnêteté : l’homme ne peut se mentir à lui-même ou se cacher, ce qui le rendrait malheureux, et exprime donc ses sentiments. Enfin, le cœur de la femme, bien qu’il ne soit pas libre aujourd’hui, le sera peut-être demain : si la femme se rend compte un jour que son copain ou mari ne lui convient plus, peut-être se souviendra-t-elle de ses autres soupirants. Ainsi, si un homme exprime des sentiments pour une femme, celle-ci se doit de les honorer : soit en y répondant par la positive, soit en lui trouvant une copine aussi bien qu’elle. Comme le dit notre ami : « ton cœur est pris, mais il y reste de la place pour quelqu’un d’autre ». Si vous avez des avis sur la question, n’hésitez pas !

La fête prévue le soir même est finalement décalée au lendemain, pour pouvoir nous laisser le temps d’apprendre des danses avec les enfants. Le Hangar s’illumine d’un éclat blanchâtre (voir un néon ici paraît presque incongru), et les essais musicaux reprennent, avec plus de méticulosité que jamais. Les enfants s’éparpillent partout dans le Hangar et s’en donnent à cœur joie, sous nos regards attendris (et un peu niais). Nous nous rendons ainsi compte d’une différence fondamentale entre les français et les africains : ces derniers ont la danse dans le sang. A côté des enfants, même des plus jeunes, les nassara font pâle figure (c’est le cas de le dire) ! Leurs mouvements, souples et gracieux, soulignent notre raideur et notre retenue : chez eux, pas de complexes, le langage du corps est maîtrisé, leurs corps ondulent librement au rythme de la musique pendant que nous semblons nous trémousser avec peine. Développement psychomoteur africain : 1. Développement psychomoteur français : 0. Entre rire et apprentissage des chorégraphies, petites chamailleries et jeunes marmots piquant du nez sur les genoux des ouagaphoniennes éreintées, camaraderie et chaleur humaine, c’est en somme une magnifique soirée que nous passons sous le signe du partage, de la bonne humeur et de la joie d’être ensemble.

Ce matin, nous vous écrivons donc du CEFISE, et demain matin, si tout va bien, nous partirons à la rencontre des éléphants de Nazinga pour le week-end : nous serons effectivement logés dans un bungalow du ranch (muni de douche et toilettes !) pour la nuit de samedi à dimanche. Le retour s’effectuera  dans la soirée dominicale, et prendrons la route pour Tambougou dès le lendemain. Comme nous l’avions fait remarquer, ce village est situé dans la brousse : si l’espoir d’une connexion internet semble utopiste, nous ne savons pas ce qu’il en sera du réseau téléphonique : les antennes d’Airtel se projettent-elles si loin ? Dans le doute, ne vous inquiétez pas d’un éventuel silence radio durant le week-end et la semaine à venir, voire jusqu’à notre retour en France. Si toutefois dans un mois nous ne donnons pas signe de vie, il vous est permis de commencer à paniquer.

Nous ne savons pas grand-chose de ce qui nous attend dans la brousse, si ce n’est que la langue parlée en ces lieux n’est pas le mooré mais le gourmanché : tout un apprentissage à refaire ! Des cours de français sont évoquées pour les femmes de Tambougou qui y sont très demandeuses. Notre participation à un chantier de construction est également évoquée. Dans tous les cas, nous n’aurons pas le temps de nous ennuyer ! (Sauf peut-être sur la piste cahoteuse et poussiéreuse que nous suivrons sur à peu près 250 kilomètres avant d’arriver à destination).

Si la présence des trois A semble assurée pour le week-end à Nazinga (ainsi que celle de Salif, un autre chauffeur auquel nous faisons appel pour l’occasion ; nous serons donc sept), la semaine suivante sera témoin de la réduction des effectifs, ce que nous regrettons mais comprenons. Nous retenterons la découverte du village artisanal les jours suivant notre retour à Zongo (prévu le dimanche 4 août), avant de nous envoler vers la France dans la nuit du mercredi à jeudi (arrivée estimée à 14h15, pour les curieux).

Mais pour l’heure, tout cela semble bien loin : le mode de vie d’ici consistant à vivre au jour le jour, nous profitons de chaque instant en évitant (ou en ayant l’impossibilité) de nous projeter : Hakuna Matata ! (il fallait forcément la faire, celle-ci, non ?)

Et comme on dit ici : au plaisir de nous retrouver...! 

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Commentaires
F
Je confirme le premier commentaire!!Bonne suite à cette aventure africaine...Bises ...Ph.B du coucou de PdC
L
Et pas de perle aujourd'hui?? Seriez vous devenues fort sérieuses?
P
Super programme en vue ! Et pour nous, famille esseulée, super retrouvailles le 8 ! mais la lecture de ce blog, au style si talentueux et juste, nous manquera quand vous serez là... On pourra toujours s'en refaire des lectures...<br /> <br /> Bises à vous 3 !
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