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Les orthos au Burkina !
3 août 2013

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ! (alias :"pas de CEFISE, pas de nouvelles")

Mardi midi, après nous être remis tout le lundi de notre escapade à Nazinga (ici, le repos nécessite bien une journée !), nous prenons la route pour Fada’N’Gourma (et notamment pour Gomoré, qui est un peu le Zongo de Fada), située à quatre heure de Ouaga. Nous sommes donc cinq à prendre part à l’aventure : Salif, Antoine O, Augustin, et les deux nassara. Dès les premières minutes de trajet, Antoine O préfère nous prévenir : « au centre, là-bas, il n’y a pas de toilettes : il faut faire comme les paysans (=dans les champs). ». La douche, elle, revêt l’aspect d’une mini maison en plein air et sans toit, s’arrêtant hélas au niveau du décolleté. Heureusement, exhiber celui-ci n’est pas inconvenant ici !

Avant de partir, nous prenons soin de déguster un pique-nique composé d’une banane et d’une sorte de pâte verte de haricot. En chemin, les deux gourmandes du groupe cèdent à une des vendeuses à la sauvette postées près des péages (et assaillant littéralement chaque véhicule ralentissant à la vue des barrières) et font l’acquisition de petits biscuits au sésame qui les accompagnent durant les heures du voyage, servant même d’alibi à l’acquisition de la lecture labiale (« sisamo ? » « Hum…t’y es presque ! »). Mais, les estomacs réclamant quelque chose de plus consistant, la voiture sera arrêtée dans un marché le temps qu’Augustin rapporte à tous les passagers un sandwich au mouton (sauf un, au lait concentré sucré, pour la végétarienne du groupe). Comme beaucoup de denrées ici, la viande est moins chère qu’en France. Il est d’ailleurs étonnant de constater qu’au bar, dans un maquis ou encore dans un restaurant, l’eau est plus onéreuse qu’un coca ou un fanta. De même, si un jus de fruit (de mangue, par exemple) est commandé, c’est avec surprise que l’on se voit servir la brique entière d’un litre. Voilà pour la petite histoire.

L’arrivée dans Fada’N’Gourma, puis dans sa banlieue (Tambougou, puis Gomoré) où nous résidons, nous frappe par sa différence : cette ville ne ressemble en rien à Ouaga, la capitale. Fada est en effet une ville beaucoup plus propre, plus verte, sans pollution. Nous nous trouvons en fait dans une sorte de campagne, qui ne peut à notre avis être apparentée à la brousse. Notre habitation fait face aux champs, est entourée d’herbes et de cases traditionnelles, et surtout : elle se trouve au calme. Antoine nous explique qu’ici, les enfants ne peuvent être comparés à ceux de Zongo, car ils n’ont pas vraiment l’habitude de voir des Blancs. Ils sont donc plus méfiants envers eux, et moins visibles (de fait, nous en verrons rarement l’après-midi, le soir ou le lendemain matin). Notre logement nous rappelle fortement le CBZ : deux petites pièces, un salon (où dormiront les garçons) et une chambre (qui nous sera réservée). Après y avoir déchargé nos bagages, nous repartons en voiture pour Fada, afin d’y acheter des nattes pour dormir et un sac de riz de 50 kilos (sans commentaires). Nous aurons également la surprise de rendre visite à une partie de la famille d’Antoine O, dont son père, dans un moment de retrouvailles bien différentes de celles auxquelles nous aurions pu nous attendre en France : nous sommes une nouvelle fois témoins du respect témoigné aux anciens par les plus jeunes.

De retour au camp, après installation des nattes (« en fait, on dort par terre, quoi ! ») et des serpentins anti-moustiques, nous nous rassemblons tous ensemble autour du plat de riz gras cuisiné par nos voisines, un groupes de bonnes sœurs, qui se chargeront apparemment de nous nourrir toute la semaine (contre rémunération bien sûr) : il est en effet prévu que nous travaillions au chantier tous les matins, nous n’aurons donc pas l’occasion de préparer nos repas. Au moment de dormir, nous nous rendons compte qu’une natte d’une place offre un espace assez réduit pour deux personnes, nous décidons donc d’y dormir « dans le mauvais sens », nos jambes dépassant donc largement du tapis. Cette première nuit à même le sol sera une expérience…très parlante !

Le lendemain matin, après un solide petit-déjeuner, les ouvriers commencent à arriver. En les saluant, nous apprenons que « bonjour » en gourmanché signifie « queue de l’âne », il va donc falloir nous méfier et montrer de la bonne volonté quant à la rétention de certains mots de politesse indispensables (ici, il n’y a « que » trois manière de saluer selon le moment de la journée).  Malgré l’imminence des travaux physiques, Marion choisit de se doucher très tôt le matin, pour profiter du plein air, de l’agréable chaleur matinale du soleil (non encore étouffante) et surtout pour se réveiller un peu et désengourdir son dos. Une bonne occasion d’apprécier une fois encore le calme, la verdure, la fraicheur de cette nouvelle ville. C’est à cette ouagaphonienne que reviendra plus tard l’honneur de poser la première pierre de l’édifice, tâche dont elle s’acquitte avec grande fierté. Le chantier va bon train, dans une ambiance détendue mais toujours concentrée, où une même personne peut accomplir diverses actions : transporter des briques, les poser, acheminer des pelletés de « ciment », se servir de la truelle, etc. Finalement, la totalité des briques sera utilisées en un temps record : une matinée ! Elles avaient en effet été préparées à l’avance, en prévision de notre semaine ici. La construction arrive donc à nos genoux, prenant la forme de cinq rangées de briques (les photos viendront plus tard). Une affaire ma foi rondement menée, récompensée par un immense…plat de riz (sauce arachide). L’après-midi,  les deux françaises que nous sommes profitent donc d’un repos bien mérité, et nous rencontrerons plus tard, lors d’une de nos petites promenades en bordure de la forêt (rappelons ici l’inexistence de lieux d’aisance), un groupe d’enfants désirant manifestement entamer une conversation avec nous. Par chance, ces derniers parlent français, nous pouvons ainsi discuter calmement avec eux et répondre à toutes leurs questions. Après un «vous êtes belles car vous êtes blanches » qui nous surprend, nous choisissons de rentrer pour nous couvrir et nous flytoxer généreusement. Après notre sempiternelle écuelle de riz (nous insistons : il faudra bannir cet aliment de nos assiettes à notre retour), nous nous couchons en compagnie des moustiques sur le sol douillet.

Le lendemain matin, après état des lieux des courbatures (la nuit par terre n’arrangeant rien), nous nous préparons à rencontrer le roi de Gomoré, village mitoyen de Fada et Tambougou. Un moment solennel, ou tout notre groupe (et en particulier les deux nassara) reçoit les bénédictions de l’aïeul. Il ne faut bien sûr pas se présenter à sa case les mains vides, nous avions donc fait l’acquisition d’un sac de riz destiné au village, et prévu une somme symbolique destinée à l’achat de la cola, une sorte de fruit à croquer qu’il est de coutume d’offrir au chef. Après de longues tirades en gourmanché (traduites en français par Antoine), nous prenons une photo « de famille » et repartons bénies des meilleurs souhaits du respectable vieil homme. Nous apprenons sur la route nous menant dans notre nouvelle maison que celle-ci ne le restera pas plus longtemps : nous repartons pour Zongo l’après-midi même. Le chantier étant effectivement terminé (pour le moment), notre présence ici n’a plus lieu d’être, et nos guides souhaitent nous faire profiter du pays et de ses merveilles durant notre dernière semaine africaine. Nous préparons donc nos bagages, et profitons allégrement (?) d’un dernier plat de riz. Du moins à Fada !Le repas s’enrichit également de poulet grillé. Notons que dans cette ville, les poulets sont beaucoup moins chers que dans la capitale. C’est pourquoi nos guides décident de se lancer à Zongo dans l’élevage de ces volatiles et s’en procurent donc une cargaison, qui sera attachée du mieux que possible sur le toit de notre véhicule. Cela donnera lieu par la suite à divers moments désopilants : imaginez-vous, discutant tranquillement dans votre voiture, quand soudain surgit à votre fenêtre une pauvre poule tête en bas, l’œil hagard, attachée par une ficelle à sa patte et caquetant désespérément ! Avant de nous mettre définitivement en chemin, nous repassons en ville pour saluer la famille d’Antoine et également pour constituer une provision de miel du Gourma, apparemment célèbre au Burkina. Les cinq heures de route de retour (nous avons un peu trainé en chemin) sont donc ponctuées par de larges fous-rires, non uniquement dus au spectacle cocasse des gallinacés prisonniers : Antoine et son mouchoir Dora l’exploratrice, les « jeux de main » d’Hélène et Antoine provoquant le rire aux éclats de ce dernier, obligé de stopper toute autre activité, les chansons d’Hélène et Marion qu’Antoine tentera de suivre à sa façon, les collections d’œufs de pintade d’Augustin, profitant des petits vendeurs sur le bord de la route (les œufs aussi sont beaucoup moins chers aux environs de Fada), les facéties d’Hélène, surnommée depuis longtemps « gros bébé » par Antoine, les défaites successives de Marion aux jeux proposés par sa camarade… Quelques arrêts indispensables voient le jour, afin de se prendre en photo à côté d’un baobab géant (pléonasme ?), de faire l’acquisition d’un très réputé pain au sésame qui avait plus qu’enthousiasmé Hélène et Marion lors de sa découverte grâce à la directrice du CEFISE, de se réapprovisionner en eau fraiche (et en sachet), d’ « arroser son jardin » (comprendre : se soulager), etc. Nous finissons par arriver à Zongo à la nuit tombée, et, en ouvrant la porte de leur « maison », Hélène et Marion auront la surprise de trouver une moto dans leur « salon ». Antoine fournit très vite la solution de l’énigme : « ah, oui, c’est moi qui l’ai posée là ! », sous les rires attendris et gentiment moqueurs des deux filles. Après un repas composé de délicieux pain au sésame accompagnant un petit bilan sur notre court séjour à Fada, chacun rejoint ses pénates. Ou plutôt, son matelas ! Un bonheur que les campeurs (et encore) comprendront bien.

Vendredi matin, les œufs de pintade sont mis à l’honneur au petit-déjeuner, se transformant pour l’occasion en une divine omelette aux oignons, au jumbo et à l’huile (évidemment), le tout disposé dans un morceau de pain. Une manière fort appréciable de commencer la journée, même si celle-ci ne s’annonce pas particulièrement chargée. Au programme : trouver une prise afin de redonner du tonus à divers appareils électriques, se rendre au cyber-café et, dans la foulée, retourner au Centre d’Artisanat pour quelques emplettes de dernière minute. Finalement, la journée est encore moins active que prévu : après le repas de midi comprenant deux œufs durs et du pain, une pluie diluvienne s’abat sur le toit métallique, compromettant par sa longue durée toute velléité de sortie.

Le samedi matin, c’est l’effervescence : la fête de notre départ se prépare, femmes et enfants envahissent le Centre. Nous décollons certes mercredi, mais pour cause de travaux aux champs des femmes et des enfants, il est apparu plus judicieux d’utiliser le week-end pour réunir toutes les personnes désirant nous dire au revoir.  Après un petit-déjeuner à base de beignets, nous laissons derrière nous l’agitation et les préparatifs pour rattraper les activités avortées de la veille : direction le marché artisanal et le cyber-café ! Que nous réservent l’après-midi et les jours à venir ? Il est impossible pour nous de le savoir, sauf, peut-être, en ce qui concerne le mardi ; il est clair en effet que nos amis ont pour objectif de nous faire découvrir quelques lieux touristiques non loin de Ouaga, pour ne pas que nous ne gardions de notre séjour une impression de travail incessant. Ainsi, nous devrions nous servir de la journée mentionnée ci-dessus pour assouvir nos besoins touristiques, dont nous avons établi le programme avec nos hôtes. Arriverons-nous à bout de cette liste de souhaits ? De quoi seront constitués les jours à venir ? Quels seront nos sentiments lors de l’attente à l’aéroport mercredi soir ? Nos émotions sont tellement diverses ici, expérience douce-amère qu’il nous faudra, nous le savons, décrypter avec sagesse et recul, et qui nous fera réfléchir sur du long terme. Qu’aurons-nous à raconter en premier à notre retour, que répondre aux personnes qui demanderont immanquablement (et de façon logique, évidemment) comment se sera passé ce séjour et ce que nous en retenons ? La différence de mentalité régnant ici ne nous aide pas à faire la part des choses, mais c’est cela qui rendra, au final, ce séjour encore plus enrichissant : nous rencontrons diverses personnes ici, non issues des mêmes familles, quartiers, villes ou même régions. Beaucoup de manières de penser nous sont présentées, et nous pouvons retirer des enseignements de chacune d’entre elles. La culture même, dans chacun de ses aspects (positifs ou négatifs) nous offre une dissemblance édifiante d’avec la nôtre, ce que vous avez pu observer tout au long de ce blog. Alors, si nous ne trouvons pas tout de suite les mots, ne vous en offusquez pas, et laissez-nous vous apprendre la patience qu’ont su nous transmettre nos amis burkinabè !

 

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Commentaires
Z
Votre séjour touche vraiment à sa fin...Nous sommes très attachés aux centres du pays gourmantché et nous nous y rendons avec bonheur lors de chacun de nos séjours. Nous sommes ravis que vous vous y sentiez bien aussi. <br /> <br /> Nous espérons qu'Antoine (prévenu il y a 10 jours) n'a pas oublié de vous parler de notre ami Evariste et de l'atelier protégé "Wend La Mita". Les travailleurs handicapés de l'atelier nous fournissent des jouets en bois pour les marchés depuis des années. Il est de la plus haute importance que vous rapportiez de leur artisanat dans vos bagages (ce que vous pourrez bien sûr !) Ces artisans ont femmes et enfants et n'écoulent pas facilement leur production au Burkina. MERCI D'AVANCE ! Nous vous rembourserons bien sûr les frais de port.<br /> <br /> Bon voyage de retour ! A bientôt par téléphone.
A
Salut les filles,<br /> <br /> le récit de votre épopée me donne toujours autant de plaisir. J'ai eu un grand sourire en imaginant les scènes de l'apparition d'une tête de poule-à l'envers donc- durant votre voyage de retour de Fada.<br /> <br /> Toutefois, au fil des lignes on sent bien que vous êtes également traversées par des moments beaucoup plus sérieux, de doute et d'interrogations.... <br /> <br /> Sans doute ce voyage vous marquera t-il et pour longtemps. A parier qu'au delà de ce qu'il va vous révéler sur vous même, il aura un impact sur ce que vous allez devenir y compris sur le plan professionnel.<br /> <br /> Vous étiez déjà formidables, vous avez encore bondi de quelques marches....<br /> <br /> Bonne fin de séjour et pas d'inquiétudes pour la re-immersion dans notre(votre?) monde, les choses se feront à votre rythme.... Des bises à vous.
C
Un voyage comme vous venez de le vivre se raconte difficilement, il se vit... déjà vous nous avez fait partager beaucoup de vos émotions... et nous vous en remercions...<br /> <br /> prenez du temps et du recul et vous verrez vous reviendrez au Burkina... c'est un pays que l'on ne peut pas oublier...<br /> <br /> merci à toutes les trois
P
salut à vous et merci pour ces nouvelles, toujours aussi détaillées et enrichissantes.<br /> <br /> Bises !<br /> <br /> La mère à Hélène.
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