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Les orthos au Burkina !
8 août 2013

Marchons sur des oeufs, et surtout...mangeons-les !

Samedi matin, à notre retour du cyber et du Centre d’Artisanat, le Hangar et la cour peinent à contenir la masse de femmes, enfants, marmites, tonneaux et autres ustensiles indispensables aux préparatifs festifs. A peine avons-nous le temps de ranger nos achats, et nous voici emportées par une vague de salutations chaleureuses, mains à serrer, retrouvailles complices. Nous nous retrouvons enrôlées à la confection de sachet de jus de bissap, mais il est clair que nous n’avons pas le coup de main expert de nos instructrices ! Nous nous réfugions peu de temps après dans la chambre, en quête d’un peu de repos. L’arrivée du tailleur nous tire de notre léthargie : nos costumes traditionnels sont prêts ! Nous les enfilons avec scepticisme : le tissu paraît fort épais, or la température extérieure est déjà plus qu’appréciable. Ces doutes sont néanmoins balayés par les réactions de tous nos amis, hommes, femmes et enfants, à notre vue : que du positif ! Les hommes miment le coup de foudre, tandis que nos complices du sexe opposé lancent d’éclatants « c’est joliiiiii ! » sur un ton très particulier que nous imiterons sur votre demande (à noter, des antériorisations propres au Burkina, faisant prononcer « c’est zoliiiii » ou transformant le « ch » en « s » : rééducation orthophonique en perspective !). Bref, c’est un succès, qui se paiera par l’impression de mariner dans son jus tout l’après-midi : il faut souffrir pour être belle ! L’assemblée tombe d’accord sur le fait que nous sommes de vraies burkinabè, et qu’à ce titre, Hélène doit recevoir un nom mooré (Marion n’étant plus appelée que Poko par toutes les personnes la reconnaissant). C’est ainsi qu’il lui est fait cadeau du patronyme « Tene », qui, bien que signifiant « lundi », se veut un nom très traditionnel. Sitôt proposé, sitôt adopté ! Du moins par l’assemblée : « Tene » ne semble pas éprouver sur le coup une joie farouche quant au fait d’être associée à un jour de la semaine.

Ceci étant fait, nous découvrons que l’immense marmite trônant fièrement au centre du cercle des actives cuisinières cache 50 kg de riz achetés le matin même, les légumes cuits et le poisson étant disposés dans deux autres récipients plus petits. Les travailleuses n’ont pas chômé, le repas s’annonce pantagruélique. Les enfants attendront toutefois le soir pour le déguster, à même le sol du Hangar, répartis en plusieurs petits groupes encerclant chacun un plat bien garni. Les adultes, dont nous, pourront eux en profiter avant (c’est-à-dire vers 15h). Les sachets de bissap seront distribués à tous les enfants dès le dernier grain de riz avalé : il s’agit d’une rafraichissante boisson un peu âpre à l’aspect de vin rouge, au goût particulier (mais délicieux) ne lui ôtant en rien sa qualité désaltérante !

Après ces agapes, place à la danse ! Il est intéressant de constater que les « shows » des deux nassara se déhanchant sur la macarena ou mimant sans en omettre une parole les chansons de Céline Dion, Francis Cabrel ou Marc Lavoine ont toujours autant de succès : les enfants s’asseyent sagement autour de l’attraction, et même les femmes abandonnent leurs activités pour venir apprécier le spectacle. C’est ensuite aux enfants de nous dévoiler le « ballet » composé en notre honneur : chansons et chorégraphies associées, pour notre plus grand plaisir ! Chacun veut participer, ce qui finit par créer un indicible chaos. Les femmes reprennent donc les choses en main, et commencent à leur tour une démonstration de leurs danses (« on bouge les fesses ! »). La soirée est hélas écourtée par la menace d’une pluie imminente : éclairs, prémices d’une tempête de sable…Beaucoup de participantes se voient contraintes de quitter la fête. Nous restons donc avec les enfants, qui finissent également par se disperser dans la nuit (ou par s’endormir sur nos genoux). Nous entamons avec nos infatigables petits voisins une partie du jeu de l’éléphant qui se balançait, qui bénéficie définitivement d’un succès incontestable. Puis la poignée d’enfants entonne la chanson de l’alphabet et celle du clown au gros nez rouge apprises par nos soins, et la soirée se termine sur cette note de complicité partagée.

Les enfants, pas plus que les femmes ou que nos hôtes, ne souhaitent nous voir partir et nous le font clairement comprendre. Ils comptent les jours, et c’est parfois avec tristesse que nous songeons qu’il faudra bientôt quitter cette ambiance et ces personnes extraordinaires. Les femmes, malgré leur condition parfois rabaissante, font montre d’un courage exemplaire, et nous témoignent depuis le début du séjour une tendresse et une chaleur quasi maternelles. Nos hôtes, malgré l’étroitesse de leurs moyens, veillent continuellement à ce que nous ne manquions de rien et font au mieux pour que notre séjour nous soit agréable. Et que dire des enfants, quémandant à qui mieux mieux des signes de reconnaissance, une main à tenir, un sourire ou un mot gentil, en nous les rendant bien ? Cette fête, pourtant joyeuse, célèbre selon Augustin un « évènement de tristesse ». Ces trente jours, qui nous ont paru bien plus, sont finalement bientôt écoulés. C’est sur ces entrefaites que nous nous endormons, sans moustiquaires, car… « au point où on en est ! »

Le dimanche matin, les œufs de pintade effectuent un come-back très apprécié, et c’est avec bonheur que nous dégustons nos sandwichs à l’omelette aux oignons. La journée s’annonce calme, la seule distraction prévue se résumant à la visite de Justin et de son ami en fin d’après-midi : notre orthophoniste souhaite en effet nous rencontrer en dehors du CEFISE pour pouvoir échanger plus librement !

Jusqu’à leur venue, le languissant dimanche se place sous le signe du farniente (et de l’étouffante chaleur) : lecture, écriture, sieste, jeux de carte, discussions diverses…Nous découvrons également le tô, plat national et incontournable, composé d’une sorte de polenta conçue à base de farine de maïs ou de mil et d’une sauce aux multiples ingrédients comprenant l’oseille. Un met surprenant de prime abord, mais ma foi, qui se laisse manger ! Et, avouons-le, le fait de changer de nourriture nous ferait presque paraître un plat de chenilles appréciable (presque). Au « goûter », nous avons droit à un sandwich aux œufs durs et aux oignons grillés. Ces horaires de repas dominicaux ne suivant aucune logique propre, il nous arrive à plusieurs reprises de devoir décliner diverses nourritures, au risque de commettre un impair ! (rappel : refuser une invitation au Burkina, surtout en ce qui concerne le repas, est très mal vu). Mais nos hôtes ne nous en tiennent cure, sachant passer outre leur culture pour comprendre nos embarras occidentaux.

La venue de Justin parmi nous, malgré son retard, nous fait chaud au cœur. Celui-ci nous présente un ami, et nous voici tous rassemblés autour d’une caisse de bière, fanta, coca etc. Nous passons donc un sympathique moment devant le Centre (pour la fraicheur), à raconter blagues et anecdotes, jusqu’à l’arrivée d’une pluie dont l’Afrique a le secret ! Nous nous réfugions donc dans le Hangar, et la soirée continue joyeusement. Un autre rendez-vous est même fixé pour mercredi, en ville, juste avant le décollage, dans un maquis en face de l’aéroport. Nous sommes ravies !

Le lundi matin, de nouvelles boîtes de margarine et de lait concentré trônent sur le banc de petit-déjeuner, avec un tout nouveau pack de thé aromatisé aux fruits rouges, du Nescafé et, bien sûr, trois ou quatre baguettes de pain. Une excellente manière de débuter la journée ! Celle-ci se déroule sans évènement notoire, entre une matinée à jouer aux cartes avec les enfants, un en-cas de brochettes de soja et une après-midi tranquille. En fin de journée, Augustin propose de faire venir une femme qui nous confectionnera de la « bouillie ». Kézaco ? En demandant des éclaircissements, nous apprenons que cette mixture se compose de riz, lait et sucre. Du riz au lait, en fait ? Nous sommes plus que partantes, car nous adorons cela. Nous nous doutons bien cependant que le goût y est différent qu’en France, et nous avons raison : le riz est en fait simplement cuit dans du lait, et c’est à chacun de rajouter du lait concentré sucré et du sucre (oui, les deux) à sa convenance dans sa propre assiette. Attention tout de même à ne pas abuser de ce plat très riche et très nourrissant, sous crainte de le sentir peser sur son estomac ! Nous nous couchons tôt : le réveil est programmé à 7h le lendemain, pour un départ en taxi à 8h en direction d’un site de sculpture sur granit et d’un restaurant proposant entre autres des salades de chèvre chaud. Attention : régal en vue !

Le mardi matin, pourtant, la sortie se voit compromise pour cause de problèmes de santé d’un membre de l’équipe. La journée ne diffère donc que peu des précédentes, si ce n’est par une virée à Marina Marcket, LE supermarché de la ville. Faute de la denrée recherchée, nous revenons en possession de barres de céréales aux cacahuètes et au chocolat, et d’une boîte de Vache qui Rit, dont les burkinabè sont très friands. Les barres nous procurent une joie indescriptible : la nourriture française commence à manquer à nos estomacs overdosés de riz, aliment qui sera d’ailleurs le principal ingrédient du déjeuner. Dans l’après-midi, une pluie presque fantastique de par sa durée et son intensité fait rage, transformant en véritable piscine toute parcelle du Centre qui n’est pas abritée. Nous nous réfugions donc en compagnie d’Augustin sous le Hangar, pelotonnées sous une couverture, et chacun sombre dans ses pensées en admirant le ballet de la pluie divertissant ses spectateurs au rythme du tonnerre. Est-ce là une façon pour l’Afrique de pleurer notre départ imminent ?

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